Rail-route : comment le secteur profite de la crise ? 27/04/20

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Source: https://www.transportinfo.fr/rail-route-comment-le-secteur-profite-de-la-crise/

 

Rail-route : comment le secteur profite de la crise ?

27 avril 2020 Marc Fressoz Politique & réglementation 0

transport combiné

 

Les opérateurs limitent la casse et font valoir leurs atouts au point de gagner des nouveaux chargeurs. Mais ils redoutent, en sortie de crise, une concurrence violente de la route.

Voici un secteur qui ne vit pas trop mal la situation. « Le transport combiné rail-route est tellement habitué à s’adapter à des crises que sa résilience n’est plus à démontrer », positive Aurélien Barbé, délégué général du GNTC. Certes la pandémie du Covid-19 succède à la grève des cheminots, fin 2019-début 2020, mais l’effet n’est pas le même. Les trains circulent avec 60% à 70% du plan de transport habituel. Le trafic rail-route s’est recentré sur l’acheminement des marchandises essentielles : alimentaire, médicaments, produits sanitaires et, pour le fret classique, le chlore (pour assainir l’eau) ou les hydrocarbures, les céréales…

 

Par rapport à la route où les chauffeurs sont parfois gênés par le manque de services d’accueil (sanitaire, alimentation, etc.), le combiné fait valoir sa capacité à massifier les flux sur de la longue distance. « Même si cela demande une certaine organisation, nous limitons vraiment la casse », convient Alexandre Gallo, directeur de la production d’ECR, la filiale de la DB qui tracte plusieurs navettes de combiné transfrontalières, du nord vers l’Espagne ou l’Italie. Faute d’hôtels pour assurer le découché, des conducteurs doivent revenir en voiture.

De nouveaux chargeurs comme clients

L’alimentaire booste le rail-route. « Les grands opérateurs tels que Novatrans ou T3M constatent l’arrivée de nouveaux chargeurs de la grande distribution qui ne pratiquaient pas cette technique », ajoute le GNTC. Certains se frottent les mains. « TAB Rail Road a vu sa part de marché en volume de marchandises essentielles augmenter de 10% », explique la famille Brunier qui regroupe ses activités rail-route sous l’égide d’Open modal. « Un seul train transporte l’équivalent de 60 camions et traverse la France en une nuit » rappelle le groupe. Bien sûr, tout n’est pas rose et certaines navettes affichent un taux de remplissage en berne, reflet d’une économie en sommeil.

Du côté de la SNCF, la plupart des autoroutes ferroviaires exploitées par VIIA continuent d’offrir un service pour poids lourds ou pour du non accompagné, les taux de remplissage oscillent entre 65 à 92%, selon la publication spécialisée la Lettre ferroviaire. Bonne nouvelle, l’éventail de flux du rail-route commence à s’élargir avec un frémissement du côté de l’automobile. Des constructeurs redémarrent leurs usines et « on anticipe une montée en puissance régulière d’ici le déconfinement » pronostiquent les professionnels.

La situation financière des opérateurs pose question

Paradoxalement, cette crise majeure et inédite offre au transport combiné des conditions très propices. Le trafic de trains de voyageurs de la SNCF étant réduit à peau de chagrin, la voie est libre pour les trains de fret. Même chose avec la suspension des travaux sur le réseau. Qu’en sera-t-il lorsque la situation sera redevenue normale ? « Nous nous attendons à un violent dumping des transporteurs routiers et particulièrement ceux sous pavillon étranger, redoute le GNTC. La question sera de savoir si les opérateurs de combiné seront capables de conserver les nouveaux chargeurs. » La chute incroyable du prix du pétrole va aussi accroître la pression de la route.

L’autre inconnue de taille a trait à la situation financière des opérateurs que le conflit sur les retraites a laissé exsangues. Comment survivront-ils ? Avant la crise du Covid, le secteur négociait avec l’Etat une franchise temporaire sur les sillons à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros pour compenser l’effet des grèves. Un nouveau plan d’aide est en discussion. Le secteur du fret ferroviaire veut croire la situation favorable. Paris et Bruxelles affirment vouloir soutenir son développement.

Marc Fressoz

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