France: situation des trains de fret et de combiné rail-route 15/03/23

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Source: https://www.npi-magazine.com/thematiques/infrastructures/quelle-est-la-situation-pour-les-trains-de-fret-ferroviaire-et-de-combine-rail-route-736652.php

 

Quelle est la situation pour les trains de fret ferroviaire et de combiné rail-route ?

Publié le : 15.03.2023 Dernière Mise à jour : 23.03.2023 Par : Clotilde Martin

Le fret ferroviaire et le combiné rail-route sont les victimes collatérales et oubliées de la mobilisation contre la réforme des retraites sur le réseau ferré français. Les représentants de ces deux activités, l’AFRA et le GNTC, parlent d’une suppression quasi-totale des trains de marchandises et d’une très mauvaise gestion du gestionnaire d’infrastructure.

Quelle est la situation pour les trains de fret ferroviaire et de combiné rail-route dans le contexte de la mobilisation contre la réforme des retraites qui perturbe le réseau ferré français ?

C’est la question que nous avons posée aux représentants de ces deux activités, Association française du rail (AFRA) et Groupement national du transport combiné (GNTC), souvent oubliées lors des mouvements de grève, la communication privilégiant toujours les informations sur la circulation plus ou moins contrariée des voyageurs.

Une situation pire qu’en 2019 pour le fret ferroviaire

« Pour le fret ferroviaire, c’est catastrophique. La façon dont le gestionnaire d’infrastructure, SCNF Réseau, gère les grèves depuis le début 2023 est catastrophique car il dé-régularise la totalité des sillons en amont. Lors de la mobilisation en 2019 contre la même réforme des retraites, on parvenait alors à faire circuler 30 à 40% des trains avec des retards et des difficultés, on maintenait un plan de transport. En 2023, les trains ne circulent quasiment plus, le plan de transport n’est réalisé qu’à hauteur de 5 % », déclare Alexandre Gallo, président de l’AFRA et président directeur général de DB Cargo France.

Il faut distinguer trois types de mouvements différents, selon ce responsable :

  • Les mouvements grèves « carrées » ou ponctuelles : ce sont celles planifiées et annoncées sur une journée dans une semaine. Dans ces cas-là, « pour nous, la grève commence à 20 h la veille de la journée et dure jusqu’au surlendemain à 8 h, en J+1 ». Sans oublier que les trains de fret circulent la nuit et sont donc décalés d’autant. « C’est une double peine pour les entreprises », avec SNCF Réseau qui privilégie la circulation des trains de voyageurs quand il parvient à maintenir des effectifs.
  • Les mouvements reconductibles, en cours depuis le 7 mars 2023.
  • « Des mouvements de grève perlée notamment en région parisienne qui dure depuis novembre 2022, dont on ne parle pas beaucoup ».

Aucun train de combiné rail-route

« Sur plusieurs jours déjà, aucun train de combiné rail-route n’a circulé, dit Aurélien Barbé, délégué général du GNTC. On vit une situation de crise. Il y a eu un manque d’anticipation totale du gestionnaire d’infrastructure. Il y a une vraie colère chez les opérateurs par rapport à la gestion de SNCF Réseau. Les arbitrages se font toujours en faveur du voyageur, le combiné est toujours la variable d’ajustement et pas seulement en temps de crise ou de grève mais toute l’année. Nous craignons un mouvement qui s’installerait dans la durée ».

Les trains de combiné rail-route sont particulièrement affectés par le mouvement social et la gestion de SNCF Réseau car ils circulent sur de longues distances, qui comprennent souvent une dimension internationale, par exemple Allemagne-Espagne en passant par la France.

Un contexte qui était déjà compliqué

Les mouvements sociaux interprofessionnels contre la réforme des retraites surviennent dans un contexte déjà compliqué et tendu pour les opérateurs de combiné rail-route comme pour les entreprises privées de fret ferroviaire, rappellent les deux responsables :

  • Un sous-effectif pour les postes d’agents de circulation chez SNCF Réseau. « Ce manque d’agents fait qu’avant la mobilisation les postes étaient déjà mal tenus » explique Alexandre Gallo. Et dès qu’il y a une grève, tout se complique encore davantage, d’éventuels grévistes s’ajoutant au sous-effectif.
  • Des prix de l’électricité en forte hausse quand les opérateurs l’achètent auprès de SNCF Réseau. « Ils ont été multipliés par 8 en trois ans, rappelle Aurélien Barbé, pour atteindre actuellement près de 480 euros du mégawattheure. Malgré nos appels répétés, nous sommes sans nouvelle de la part du gouvernement, nous avons l’impression de n’être ni écouté ni entendu ».

Une absence de visibilité

Il y a la situation de crise vécue immédiatement par les opérateurs et les entreprises avec les mouvements de grève mais aussi les conséquences plus générales. Parmi elles :

  • « Un report modal inversé vers la route qui est en capacité d’absorber les flux », indique Aurélien Barbé. Le risque est qu’une fois qu'il a décidé de repasser ses flux du rail à la route, le chargeur persiste dans ce choix par manque de confiance ou lassitude. Cela peut signifier la perte de marché pour les opérateurs de combiné qui vont mettre plusieurs mois à rétablir la confiance dans leurs solutions de transport.
  • « Les chaines logistiques sont désorganisées. Ce n’est pas bon ni pour le report modal ni pour la confiance des chargeurs même ceux qui sont engagés, compréhensifs, convaincus par le fret ferroviaire, souligne Alexandre Gallo. On parle « décarbonation », transition énergétique, mais il y a aussi la question des coûts et de la réalité économique ».

Les représentants de l’AFRA et du GNTC disent tous les deux que le manque de visibilité domine pour les activités dans les jours à venir, compte tenu du caractère reconductible du mouvement social contre la réforme des retraites depuis plus d’une semaine. Les entreprises et opérateurs sont obligés de s’adapter très tardivement, ne peuvent prévenir leur clients si le train circule ou non qu’au tout dernier moment.

Les conséquences en termes de résultats et de chiffres d’affaires seront sans doute sensibles, les activités étant perturbées depuis le début de l’année 2023. Environ 30 à 40 % de l’activité pourrait être perdu sur les trois premiers mois de l’année.

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