Rail investments in Europe: large disparities  07/08/21

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Investissements ferroviaires en Europe : de grandes disparités mais aussi des questions

Par: Frédéric de Kemmeter (publié il y a 2 ans)

Comparaison n’est pas raison. Mais le dernier baromètre des investissements sur réseau ferroviaire par habitant présenté par le site Allianz pro Schiene montre d’importantes disparités. Selon le cabinet spécialisé SCI Verkehr, certains pays européens tablent sur un investissement public à trois chiffres par habitant pour leur infrastructure ferroviaire. La Suisse occupe sans surprise la première place avec 365 euros par citoyen, suivie de l’Autriche, qui investit 218 euros par habitant. Pendant des années, les deux pays alpins ont consacré des montants plus élevés sur leurs réseaux ferroviaires que sur leurs infrastructures routières. Il faut peut-être y voir aussi l’étendue de ces deux réseaux dans une topographie plutôt difficile. Le groupe qui se rapproche fortement de l’Autriche sont, là aussi sans grandes surprises, les trois pays scandinaves et… la Grande-Bretagne, que certains académiques francophones s’évertuent à vilipender à longueur d’études. La Suède investit 172 euros par citoyen, les dépenses de réseau au Royaume-Uni s’élèvent à 116 euros et les Pays-Bas à 135 euros par habitant.

Sous la barre des 100 euros, les investissements sont aussi en plein essor dans d’autres pays européens : l’Italie dépense 93 euros sur son réseau, alors que l’Allemagne ne dépense que 77 euros par citoyen, ce qui signifie qu’elle ne s’apprête pas encore à réduire le vaste déficit de financement qui la sépare de celle de ces voisins, la France excepté (40€/habitant…). Étonnamment, la Belgique que l’on nous dit « au cœur » de l’Europe, n’y figure pas. Problèmes statistiques ?

Le tableau ci-dessus nous enseigne aussi que l’investissement par habitant dégringole de plus de la moitié pour tous les grands réseaux sauf… en Grande-Bretagne. Effet d’échelle ? La France (30.000km), l’Allemagne (33.300km) et l’Italie (16.700km) ne peuvent évidemment pas être comparé avec l’Autriche (4.850km) et la Suisse (5.500km au total, dont 3.230 pour les seuls CFF). Les Pays-Bas se situent en entre-deux.

Une donnée intéressante à cette étude concerne aussi la priorité donnée au rail : on voit dans le tableau ci-dessous que l’Autriche dépense plus pour son chemin de fer (en bleu) que pour la route (en rouge). La Suisse est pratiquement à parité. Une inversion que l’on peut traduire par une volonté politique, mais il faut peut-être aussi tenir compte des coûteux tunnels ferroviaires que les deux pays finalisent encore en ce moment, ce qui fausserait alors un peu les comparaisons, vu la topographie des pays alpins. Songeons au Ceneri en Suisse, au Brenner en Autriche.

Rail_invest_02

En résumé, un exercice salutaire mais un peu trop simpliste, qu’il faut prendre comme une photographie simplifiée. A-t-on ainsi tenu compte de l’indice de niveau de vie : si le coût de la vie est à 122,67 en Suisse, il n’est que de 74,62 en France et 66,57 en Allemagne. Le maillage du réseau par habitant joue aussi :  649m de ligne par habitant en Suisse, 563m en Autriche, 452m en France, 409m en Allemagne et 243m par habitant en Grande-Bretagne, auxquels il faut rajouter l’intensité d’utilisation des voies, leur usure, la fréquence des interventions d’entretien, etc…

Par ailleurs, l’Allemagne et la France étant de grands pays de construction automobile, on ne doute pas un seul instant du poids des lobbies sur les gouvernements respectifs. On doit encore y rajouter le coût du modèle social, et nous savons tous là que les modèles latins, appliqués aux chemins de fer, sont très gourmands en deniers publics, ce qui est autant de subsides en moins pour les investissements dans la voie. On peut aussi raisonnablement estimer que la taille des gestionnaires d’infrastructure ferroviaire joue aussi : rien de commun entre les CFF, ÖBB Infrastruktur et SNCF Réseau, l’ADIF espagnol ou le Network Rail anglais. Il n’empêche que malgré tout, les deux pays alpins mènent des politiques ferroviaires de haut niveau, ce qui les placent en tête du classement.

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